une installation proposée dans le cadre du projet Ca (me) travaille ! / co-porté par l’association L’Oeuvrière et la compagnie Collectif Torsion
Le projet Ca (me) travaille ! est né en 2019, alors que le collectif s’installait dans le moulinage pour en débuter la réhabilitation et la (re)mise en activités (culturelles, artistiques et artisanales). Ca (me) travaille ! vient questionner nos rapports au travail, à l’emploi, au bénévolat et au temps libre, en mettant en perspective des témoignages d’hier et des expériences d’aujourd’hui.
Les Bobines Sonores sont la première restitution pérenne de ce grand projet de collectes, qui comprend aussi des entretiens-balades dont l’installation se fera sur la Calade des Ouvrières au printemps 2026.
Les Bobines Sonores sont inaugurées à l’occasion du Festival Strass et Truelles et des 10 ans de la création du collectif du Moulinage de Chirols.
L’installation des Bobines Sonores se fait dans et autour du parc de l’Eco-musée, au pied du Moulinage de Chirols et dans le quartier de Pont de Veyrières.
Vous pouvez (ré)écouter ici l’ensemble de ces extraits de collectages de témoignages de personnes ayant travaillé dans l’usine entre les années 50 et 80, et/ou ayant connu le quartier lorsque l’usine était en activité.
1 – J’ai travaillé dans tous les bâtiments (3’28)
Michel Vert est entré à 18 ans à l’usine, où il a été ouvrier de 1963 à 2001. De sa mémoire phénoménale, il nous parle de sa vie professionnelle et de ses souvenirs liés à des endroits très précis du moulinage, qu’il a été touché de pouvoir visiter lors de notre rencontre en 2019.
2 – Souvenirs heureux à l’usine Plantevin (2’55)
Michel Vert, ouvrier au moulinage pendant 39 ans, racontes ses souvenirs : sa joie à son arrivée à l’usine, la construction de l’extension pour les besoins en stockage du bâtiment aux toits de tôle (aujourd’hui disparu pour permettre la réouverture de la rue centrale du moulinage), et la cour qui accueillait chaque jour des camions allemands qui venaient acheter précieuse soie ardéchoise. Il dialogue ici avec deux voisins chirolains, Marcel Bonnot et Naka Ramanoelina.
3- Des papis qui avaient 40 ans de plus que moi (2’29)
Evocation de l’époque de plein emploi au moulinage, ainsi que de l’accueil d’orphelines de Marseille qui vivaient dans la partie mansardée du bâtiment dit « habitat » côté montagne, jusqu’à l’époque de l’incendie au début des années 30 d’une partie du bâtiment côté rivière. Avec Marcel Bonnot, qui tenait l’une des supérettes de Pont de Veyrières, Michel et Régis Vert, anciens ouvriers, ainsi que Naka Ramanoelina, ex-facteur à Burzet, puis cueilleur-producteur sur les faysses de Chirols, qui a permis la mise en lien avec les frères Vert.
4- En 1974, on était 146 ou 7 au moulinage de Pont de Veyrières (2’31)
Autour de la table, les trois frères et sœur Vert, qui ont tous les trois travaillé à l’usine dès les années 60, ainsi que leur cousin, Marcel Bonnot qui tenait le libre-service à proximité. Ils évoquent l’importance des usines Plantevin, dont les sociétés Itexa et Verytex étaient devenues gestionnaires à Thueyts et à Veyrières. Celles-ci furent dirigées notamment par Etienne Plantevin, dernier patron jusqu’à cessation de l’activité, et jusqu’au rachat des bâtiments appartenant aujourd’hui à la mairie et à la Coopérative du collectif du Moulinage de Chirols.
5- C’était assez pénible au début, le bruit et la chaleur (3’44)
Autour de la même tablée, on échange autour de son premier jour à l’usine, et du rythme de la journée de travail qui commençait à l’usine et se poursuivait aux champs. Les frères et la sœur Vert (Michel, Régis et Marie-Thérèse) évoquent aussi leurs souvenirs de l’ambiance sonore dans l’usine, auxquels fera écho la dernière bobine de cette série.
6- Rousset-Veyrin et Perge-Bonnot : les deux commerces de Pont de Veyrières (3’58)
On dit que chez Perge, on vendait tout ce qui était vendable ! Et on n’était pas concurrent. Entre les deux, il y avait le café. Où les ouvrier.e.s passaient à 8h30 puis à midi moins le quart faire leurs courses. Et ça faisait une ambiance énorme, raconte Marcel Bonnot. Jusqu’à l’installation de l’hypermarché de Lalevade. Son libre-service était situé là où est maintenant installée la brasserie de l’Ale Ouët.
7- Laisser partir les filles en Angleterre comme ça sans savoir… (4’21)
Josette Fontbonne est entrée à l’usine à 14 ans. A 17 ans, elle a été une des premières ouvrières chirolaines à être autorisée à suivre Jean Plantevin, alors maire du village, lors de sa prise en sous-traitance d’une usine en Angleterre. Elle échange avec Etienne Vassal, doyen du village, qui lui a participé à la construction du barrage en amont de l’usine.
8- Un fils Plantevin dirigeait une chorale d’ouvrières (4’53)
Josette Tardieu a travaillé à l’usine de 1955 à 1962, certificat d’étude en poche, et en attendant son mariage. Elle se rappelle du bruit des moteurs et de la chaleur. Mais aussi d’un concours de chant que sa chorale d’ouvrières avaient failli remporter ! Elle commente deux photos qu’elle a apportées le jour de sa visite du moulinage en 2019.
9 – Il faut imaginer ce que c’était : un site fermé et la campagne tout autour (4’05)
Etienne Plantevin, dernier patron de l’usine, explique une partie de l’histoire de la construction de l’usine à des membres du collectif, lors d’une visite préalable au rachat par la coopérative du Moulinage de Chirols en 2019.
10 – Plongée sonore dans la salle des machines (7’42)
Le rapport au son étant souvent revenu lors du collectage de souvenirs des personnes ayant fréquenté l’usine en activité, nous avons cherché à retrouver l’ambiance sonore des moulinages à l’époque de leur plein fonctionnement.
Fifi Giroud (alias Regarde cet Allumé), voisin féru d’électrique et de vieilles férailles, a joué à redonner vie aux nombreuses machines retrouvées intactes à Uzer, dans un autre moulinage du Vivarais. C’est là que nous avons pu récolter ces traces réapparues comme par magie en vestiges d’un autre temps, pour proposer cette plongée sonore dans la mémoire du moulinage.
A savourer de préférence les yeux fermés et l’imaginaire en éveil. 7 minutes 42 pour se faire une idée de ce que pouvait être une journée de 8 heures dans cet environnement sonore. A écouter jusqu’au bout… ou pas !
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Tous ces sons (sauf la bobine 10) sont issus d’un collectage de Djoo Cuer mené en 2019-2010. Cette matière fait aussi partie du podcast Le Moulinage en Chantier, diffusé initialement sur Fréquence 7, et disponible ici :www.lemoulinageenchantier.lepodcast.fr
Remerciements à Rachel Tolkien pour son accueil au moulinage d’Uzer, à Fifi pour sa magie, à Fabio pour son aide à la mise en place de cette expo, et à toutes les personnes qui ont bien voulu nous partager leurs souvenirs liées au moulinage et au quartier de Pont de Veyrières.
Depuis ses débuts, le projet Ca (me) travaille ! a reçu le soutien de la Région Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre de l’AAP « Mémoires du travail des 20e et 21e siècles » co-porté par la DRAC, ainsi que du département de l’Ardèche, de la Communauté de Communes de l’Ardèche des Sources et Volcans, de la commune de Chirols et de l’ACECO.